Des Palestiniens en quête d’aide humanitaire enlevés alors qu’Israël utilise la famine comme outil de génocide

August 05, 2025

Des ONG signalent un schéma de disparitions forcées aux sites de distribution de la Gaza Humanitarian Foundation

Visuel créé par MENA Rights Group, intégrant des images © Centre Al Mezan pour les droits de l’homme.

Gaza/Genève, 5 août 2025 — Al Mezan Center for Human Rights (Al Mezan) et MENA Rights Group (MRG) ont documenté les cas de cinq Palestiniens, dont un mineur, portés disparus alors qu’ils tentaient de récupérer de l’aide humanitaire à différents sites de distribution de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF). Leurs cas ont été déposés auprès du Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDFI). Pour trois d’entre eux, l’armée israélienne a reconnu leur détention.

 

Parmi les personnes concernées figurent Abdulraouf al-Hems, 16 ans, et Ahmed al-Akhras, 20 ans, disparus le 21 juin 2025 à un point de distribution de la GHF situé dans la rue al-Tina, dans la zone de Morag au nord de Rafah. À la suite d'une demande de renseignements déposée par l’équipe juridique d’Al Mezan, les autorités israéliennes ont nié les retenir en détention.

 

En revanche, l’armée israélienne a reconnu la détention de trois hommes : Ramy Omar (42 ans), disparu le 17 juin 2025 à un site de distribution de la GHF dans la zone d’al-Alam à Rafah, ainsi que Majd al-Jazzar (21 ans) et Ashraf Abdeen (31 ans), disparus respectivement les 9 et 11 juillet 2025 à un point de distribution situé dans la zone d’al-Shakoush, dans le quartier saoudien de Rafah. L’armée israélienne a refusé de divulguer leur lieu de détention et leur a dénié le droit d’accéder à un avocat, les plaçant en détention au secret et les exposant à un risque accru de torture et de mauvais traitements. Ramy Omar a été privé d’accès à un avocat jusqu’au 2 août, et aucune information n’a été fournie quant à une éventuelle visite pour al-Jazzar et Abdeen.

 

Dans leur appel urgent, Al Mezan et MRG ont exhorté le GTDFI à intervenir auprès des autorités israéliennes afin d’éclaircir le sort des cinq Palestiniens disparus et le lieux où ils se trouvent, et de libérer immédiatement ceux placés en détention.

 

Les ONG ont également demandé au Groupe de travail onusien d’adresser une communication à la GHF, ainsi qu’aux autorités américaines concernées, au vu du nombre croissant de cas de disparitions forcées survenant vers les sites de distribution gérés par cette organisation soutenue par les États-Unis et Israël.

 

Ces cinq cas documentés ne sont que la partie émergée de l’iceberg et révèlent un nouveau schéma inquiétant de violations graves des droits humains commises par les autorités israéliennes à Gaza : l’enlèvement de civils palestinien·ne·s cherchant à obtenir une aide humanitaire sur des sites gérés par la GHF.

 

Issam Younis, directeur du Centre Al Mezan pour les droits humains, a déclaré :

 

« Non seulement la Gaza Humanitarian Foundation viole gravement les principes humanitaires fondamentaux, mais elle constitue également un piège mortel utilisé pour perpétuer la famine, l’un des outils qu’Israël utilise pour mener son génocide contre les Palestinien·ne·s à Gaza. Ce mécanisme dégradant et abject doit être démantelé immédiatement et remplacé par une initiative dirigée par l’ONU, en coordination avec l’UNRWA, qui possède une longue expérience de travail efficace en tant qu’organisation internationale mandatée pour porter assistance au peuple palestinien. »

 

La GHF est une organisation soutenue par les États-Unis et Israël, critiquée par l’ONU et les organisations de la société civile pour sa gestion de sites de distribution d’aide militarisés, où les Palestinien·ne·s à la recherche d’aide humanitaire sont quotidiennement exposés à des tirs et tué·es et blessé·es massivement. Depuis le début des opérations de la GHF en mai 2025 jusqu’à juillet, plus de 700 Palestinien·ne·s ont été tué·es à proximité des sites de la GHF, et près de 4 000 ont été blessé·es.

 

Le système militarisé de distribution d’aide de la GHF contribue à instrumentaliser l’accès humanitaire et à utiliser la famine comme méthode de guerre et outil de génocide. La famine actuelle qui ravage Gaza n’est pas accidentelle mais résulte d’une politique israélienne délibérée et calculée, incluant un blocus sur l’entrée de nourriture, d’eau, de médicaments, de carburant et d’autres fournitures humanitaires. Cette politique impose sciemment des conditions de vie visant à provoquer la destruction physique du peuple palestinien de Gaza.

 

La GHF doit être immédiatement démantelée, et la distribution de l’aide humanitaire doit revenir à un mécanisme de coordination unifié dirigé par l’ONU, fondé sur le droit international humanitaire et incluant l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), la société civile palestinienne et la communauté humanitaire dans son ensemble. Le siège israélien de Gaza doit être levé et le droit des civils à accéder en toute sécurité à l’aide et à recevoir une protection doit être pleinement respecté, en conformité avec le droit international.

 

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